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fiancées. Et ils allaient mourir ignoblement, sacrifiés comme du bétail !

Rair, dans sa prévoyance infâme, les avait fait endormir, afin que leurs angoisses et leurs tourments moraux ne nuisissent pas à leur santé. Ainsi, leur sang resterait pur, sans toxines, et ils seraient présentés en parfait état aux sinistres machines.

Les hommes-singes, muets, effarés, s’étaient arrêtés. La présence de ces milliers de morts -— car les quadrumanes ne savaient pas distinguer entre le sommeil et la mort — les emplissait d’une sorte de terreur. La lueur bleuâtre filtrant du plafond, et qui donnait une teinte livide et blafarde aux corps inanimés étendus sur les claies, contribuait à entretenir leur illusion.

Je frissonnai violemment ; une telle horreur m’emplit que je craignis de perdre la raison. Je me raidis et fis appel à ma haine pour Rair afin de chasser tous les autres sentiments qui se disputaient mon cerveau.

Je traversai la salle. Comme j’allais atteindre la porte qui se trouvait au fond, celle-ci s’ouvrit. Une douzaine d’Illiens, parmi lesquels les biologistes et les physiologistes du Conseil suprême, apparurent. Virent-ils les hommes-singes ? En eurent-ils le temps ?