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d’apercevoir, pour le perdre de vue aussitôt : la tête de l’inconnu, sans doute…

Il ne s’était pas trompé.

Presque aussitôt, l’homme émergea encore, se débattant convulsivement. Il allait redisparaître — et pour toujours ! — lorsqu’un des matelots du youyou réussit à le saisir par les cheveux.

L’homme, qui était inconscient, voulut se débattre. Le mathurin, d’un brutal coup de poing en pleine face, le calma, et, aidé de ses camarades, le souleva et le déposa dans l’embarcation.

L’infortuné était revêtu de haillons qui semblaient corrodés par quelque acide. Son pantalon et sa chemise, ses seuls vêtements, étaient en loques et avaient perdu toute couleur précise. Leur teinte allait du noir au gris, en passant par le vert sombre et le rouge brun.

L’inconnu était couvert d’ecchymoses ; des croûtes de sang noir adhéraient à ses oreilles, à ses yeux, aux commissures de ses lèvres : le bain qu’il venait de prendre n’avait pas eu le temps de les décoller.

Le second capitaine de l’Ariadne, écartant les matelots, se pencha sur le mystérieux individu :

— Il vit ! dit-il. C’est le principal ! Étendez-le à l’arrière… là ! Aidez-moi ! Très bien ! Et, maintenant, à vos avirons, tous, et nage à bord !