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toujours aussi douce, tiède. Mais, de nouveau, l’eau suintait à travers les tôles.

» Alors, brusquement, je me résignai ! Vous comprenez ? J’acceptai l’inéluctable !

» Je regardai une dernière fois les êtres étranges qui n’avaient pu que prolonger mon agonie, puis je m’étendis sur le parquet d’acier que je sentis humide sous moi.

» L’acide carbonique qui, plus lourd que l’oxygène, stagnait à la partie inférieure de la cabine, me suffoqua. Il me sembla entendre des chocs, des grincements… Je crus que l’on me secouait.

» … Et, plus rien. Je perdis connaissance !

Philippe Raquier s’interrompit. Le capitaine Mercier et Jacques Michel, bien que penchés sur lui, avaient à peine entendu la fin de son récit.

Croyant que le naufragé voulait reprendre des forces avant de terminer, ils attendirent :

— Et après ? demanda Mercier, après qu’une longue minute se fut écoulée.

— Comment, après ? murmura l’ingénieur, en le regardant. Après, monsieur, je ne sais plus rien !… Oui… D’après ce que vous m’avez dit, j’ai, sans doute, été enfermé dans cette boule où vous m’avez recueilli… Les êtres du gouffre ont eu pitié de moi et m’ont renvoyé à la surface… Donnez-moi à boire, je vous prie !

La bouteille de tafia était vide. Mercier regarda