Page:Moselli - La Cité du gouffre, 1926.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.

périssais asphyxié, en admettant que ses parois résistassent. Si j’en sortais, c’était l’écrasement, la noyade.

» Je me contorsionnai éperdument, convulsivement, frénétiquement. De l’air ! Il me fallait de l’air ! Je montrai ma gorge… Je fis mine d’étouffer…

» Les êtres regardaient. Le changement de couleur de leurs trois rangées d’yeux, l’agitation des stries de leur bulbe me révélaient qu’ils pensaient, qu’ils raisonnaient. Peut-être étaient-ils émus ?… Sans doute avaient-ils vu d’autres hommes, mais morts !… Un extraordinaire hasard avait voulu que je fusse vivant ! Le dieu des cambrioleurs, peut-être…

Philippe Raquier eut un ricanement cynique. Sa voix s’affaiblissait. Mais ceux qui l’écoutaient étaient tellement intéressés qu’ils ne pensaient pas à lui conseiller de se reposer.

Il fit une pause de quelques secondes. Son cœur s’était calmé ; il parla de nouveau, d’un ton à peine perceptible :

— Les êtres s’écartèrent. Je crus qu’ils m’avaient abandonné. J’en vis passer d’autres, des petits, ceux que j’appelais des « esclaves ». Ils poussaient devant eux, posés sur des hémisphères qui glissaient avec rapidité, toutes sortes d’objets en qui je reconnus des débris du