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» Je regardai… Il me parut que les ombres, dont les contours étaient imprécis, changeaient lentement de couleur, passant du vert sombre au rouge brun, puis au noir, et disparaissaient.

» Mes yeux s’accoutumaient progressivement à ces demi-ténèbres.

» Je discernai, peu à peu, d’étranges édifices cylindriques, hérissés de pointes, d’ergots, grands comme des faux, et entre lesquels des entonnoirs horizontaux étaient percés. Au-dessus de ces cylindres, de gigantesques herses profilaient leur ombre d’un vert noir.

» Je me crus victime d’une illusion. Ce que je voyais, c’étaient des algues, sans doute, des coraux. Je regardai mieux. Je m’efforçai d’être calme, objectif.

» Non ! Ce n’étaient pas des coraux, ce n’étaient pas des algues ! C’étaient bien des édifices artificiels, construits par des êtres doués de raison. Les cylindres, les herses avaient des proportions régulières ; les entonnoirs étaient percés de façon à former des quinconces. Les herses décrivaient, par rapport les unes aux autres, des angles qui devaient mesurer exactement, je l’aurais juré, quarante-cinq degrés…

» Mes doutes, si j’en avais eu encore, se seraient évanouis, car je vis passer, entre les cylindres, entre les tours, pourrais-je dire, des carcasses