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voyé à Melbourne, où je me retrouvai sur le pavé avec trois cents livres en poche et une notoriété qui m’interdisait de chercher un autre poste dans toute l’Australie.

Philippe Raquier s’interrompit. Sa voix s’était affaiblie et enrouée davantage. Par moments, son cœur sautait dans sa poitrine. Son visage s’était durci, indiquant l’effroyable effort de volonté qu’il s’imposait pour parler encore.

Il poursuivit :

— Dans un bar de Pitt Street, je rencontrai un Irlandais, James O’Baldy, ivrogne comme moi, et que j’avais connu pendant que je faisais la queue devant l’asile de nuit de Glasgow… Nous bûmes. Nous causâmes. Pour être bref, je vous dirai qu’O’Baldy me raconta qu’il était garçon, garçon du purser[1] du paquebot anglais Thames, lequel partait le lendemain pour l’Europe.

» Nous nous connaissions bien, O’Baldy et moi. C’est pourquoi il me confia sans hésiter ses regrets : le Thames emportait à son bord plusieurs caissettes de rubis et d’opales, pour plus de deux cent mille livres sterling !

» Ces pierres précieuses avaient été embarquées secrètement la veille, et enfermées dans

  1. Commissaire.