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avec le nouveau monde auquel nous payons encore un tribut dont il dépendra de nous de nous affranchir. La première récolte de vanille que j’ai faite à Liége, cette année, m’a produit sur une seule plante cinquante quatre fruits mûrs, bien que le nombre total de ceux qu’elle avait portés, eût été de prés de soixante-dix. La seconde récolte que je prépare en ce moment sur un autre pied, promet de fournir au delà d’une centaine de fruits, dont le volume ne sera pas inférieur à celui qu’avaient les fruits de cette année. Suivant pas à pas les modifications que la fécondation artificielle et la fructification apportent dans cette plante singulière, je présenterai plus tard un travail détaillé sur les phénomènes que j’observe, et dont plusieurs sont dignes de fixer l’attention des physiologistes ; mais en attendant, et pour prendre date, j’ai l’honneur de communiquer à l’académie quelques résultats de mes expériences et les réflexions qu’elles m’ont suggérées.

§ 1. Aperçu littéraire sur la vanille. — Il est curieux de remarquer les erreurs dans lesquelles sont tombés des auteurs, d’ailleurs célèbres, relativement à cette plante, sans doute à cause de l’impossibilité où l’on se trouvait jusqu’à présent, d’observer toutes les phases de sa végétation dans nos serres. C’est ainsi que je citerai le bel ouvrage de Gilbert Burnett (outlines of Botany) publié avec tant de luxe typographique en 1835, à Londres, et qui coûta la vie à son auteur, ouvrage dans lequel (page 462, no 1294) on prend la racine de la plante (its root) pour la partie qui sert à aromatiser le chocolat et à parfumer le tabac. La vanille y est décrite aussi comme un végétal épiphyte, et cependant elle ne partage pas ce mode de croissance, si commun parmi ceux de sa famille. Linné, dans son Potus chocolatæ, prend aussi la vanille pour une plante parasite