Page:Morphy - Le vampire, 1886.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
99
LES MYSTÈRES DU CRIME

Dans le fond de la cellule, sur un lit, est étendu un jeune homme à la physionomie énergique et violente.

Il dort d’un sommeil pénible et se retourne fréquemment, agité par quelque horrible cauchemar.

La porte s’ouvre…

L’homme se réveille en sursaut.

Il distingue vaguement plusieurs personnes qui entrent sans bruit.

Il reconnaît le directeur de la prison et le chef de la sûreté, accompagnés de gardiens.

— Votre pourvoi est rejeté. Il faut vous préparer. Levez-vous, Général.

Épouvanté, la face convulsée, le malheureux se dressa sur son lit.

Il était emprisonné dans une camisole de force, attachée par derrière au moyen de solides courroies.

Les manches fermées à leur extrémité ne laissaient pas sortir les mains.

L’homme terrifié levait les bras…

On l’habilla rapidement.

Il reprit sa présence d’esprit et commença à se rendre compte de sa situation.

— Alors, c’est fini, dit-il avec un soupir étouffé. Tant mieux !

— Avez-vous des révélations à faire à la justice ? lui demanda le chef de la sûreté ! Un substitut du procureur général est au greffe à cet effet. Voulez-vous dire qui vous êtes ?

— Non, qu’on me foute la paix, répondit l’assassin.

Il s’abîma dans ses réflexions.

Tout à coup, il redressa la tête,

— Vous me regardez tous comme un monstre, n’est-ce pas ? s’écria-t-il avec exaltation. Pour vous, je suis un ennemi de la société ? Allons donc, je ne suis qu’une brute ! Je devrais vous dire mon vrai nom, et vous raconter mon histoire et celle des miens. C’est alors que je ferai réellement du mal ! J’ai tué une vieille femme quand j’aurais pu déshonorer toute une classe. Mon secret, je le garderai pour moi, mais vous devriez me bénir… Ah ! si vous saviez.

— C’est son éternelle chanson, dit le directeur au chef de la sûreté. Il veut se rendre intéressant.

— Singulier fils de famille ! répondit celui-ci sur le même ton.

L’assassin avait revêtu les vêtements qu’il portait le jour de l’assassinat.

Il était prêt à être remis entre les mains du bourreau.

On lui annonça l’aumônier.

Général fit un geste de refus.

Le prêtre était entré dans la cellule. Il insista auprès du condamné.

Général ne lui répondit rien.