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LE VAMPIRE

— Non, mon vieux ; il m’a seulement donné ce mot pour la mère Peignotte, dans le cas ou tu aurais été en ballade.

— C’est bon, merci, La Puce. On préviendra les intéressés. Au fait, elle ne savait pas grand chose, la Cadette.

Et le Nourrisseur se leva.

Il remarqua, en faisant une éclaircie dans la buée qui recouvrait les vitres, que deux hommes ne perdaient pas la maison de vue.

— Ah ! ah ! fit-il à haute voix. Si j’ai bon œil, voilà deux roussins qui battent une planque. Avis aux amateurs, moi j’m’en fiche ; je suis un honnête homme… ou quelque chose dans ce genre-là.

Et il sortit laissant les consommateurs dans une vive inquiétude.

La journée s’avançait. M. Véninger et l’agent Haroux, postés à proximité de l’hôtel Peignotte, dévisageaient les entrants et sortants.

Le jour commençait à tomber.

M. Véninger se rappela son rendez-vous avec sa correspondante de la matinée.

— Caroline serait furieuse si je manquais, se dit-il à lui-même. Je n’aurai garde !… Elle me coûte assez cher.

Il donna ses instructions à l’agent Haroux.

— Vous avez bien son signalement dans l’esprit ? demanda le commissaire.

— Je vois l’homme d’ici… Je le reconnaîtrais entre mille. Ce n’est pas un type ordinaire, répondit le policier.

— C’est bien, je vous quitte, bonne chance, mon ami.

M. Véninger s’éloigna rapidement.

— Que le diable l’emporte ! fit l’agent Haroux.


CHAPITRE III

La bande de Saint-Ouen.

L’avenue de Saint-Ouen était presque déserte. C’est à peine si, à de longs intervalles, on apercevait quelques passants regagnant hâtivement leur logis.

Car, la nuit, ce quartier éloigné qui touche aux fortifications n’est pas sûr, en raison du nombre de rôdeurs de barrière qui y pullulent.