Page:Morphy - Le vampire, 1886.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.
47
LES MYSTÈRES DU CRIME

La fille Cadette se débattait encore, mais faiblement. Un médecin était auprès d’elle.

— Eh bien ? demanda M. Véninger

— Cette femme a été empoisonnée avec de la nicotine, répondit le docteur.

— N’y a-t-il aucun moyen de la sauver ?

— Oh ! c’est impossible, déclara le médecin en secouant la tête. Dans deux minutes, ce sera fini. Tout ce que j’ai pu faire, ça été de rendre l’agonie moins douloureuse.

Ce pronostic allait se réaliser. La victime de Sacrais rendit le dernier soupir au même moment.

Les formalités furent aussitôt remplies. M. Véninger s’intéressait peu à Sacrais, et, malgré la répugnance d’Haroux pour une nouvelle expédition, il l’emmena.

— Je suis libre, partons, dit-il au sous-brigadier.

Celui-ci se demandait pourquoi M. Véninger allait opérer dans un autre quartier, pour une affaire d’un intérêt secondaire. C’était irrégulier au point de vue administratif.

Mais l’importance de la capture devait faire passer sur l’illégalité des formes.

M. Véninger et l’agent Haroux se mirent en route.

— Voilà un jour qui va décider de ma vie, se dit le commissaire.

Il ne croyait pas si bien dire.


CHAPITRE II

Le refuge de Caudirol.

Entre la rue Claude-Bernard et le boulevard de Port Royal existe encore la rue des Lyonnais, passage borgne qui fait revivre l’ancienne Cour des Miracles dans ce lieu entamé par la pioche des démolisseurs.

Au milieu d’un quartier neuf, percé de voies larges, aérées et plantées d’arbres, cette ruelle produit un contraste bizarre : c’est une sorte de prestation du moyen âge sans style contre le progrès moderne.

Ce recoin de Paris, tombant de décrépitude aujourd’hui, n’a jamais été