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LE VAMPIRE

tout à coup à l’intérieur du commissariat et vinrent interrompre le cours aimable des pensées de M. Véninger.

Il sortit brusquement de son cabinet.

Une scène indescriptible frappa sa vue.

La malheureuse fille qui avait fait cette importante révélation sur Caudirol venait d’être apportée au commissariat dans un état effrayant.

Elle se débattait, criait, hurlait un nom, toujours le même :

— Sacrais !… Sacrais !…

Et l’effroi se peignait sur sa physionomie convulsée. Elle se roulait par terre dans un paroxysme de douleur. On essayait vainement de la maintenir, et c’est à grand peine qu’on parvenait à l’empêcher de s’arracher la langue.

Sa bouche était déjà hideusement déchirée.

On courut quérir le plus proche médecin.

— Diable ! je crois bien tenir le fin mot de cette affaire.

Celui qui venait d’attirer l’attention générale en parlant ainsi, était un sous-brigadier des brigades secrètes.

— Bah ! Haroux, fit M. Véninger, vous croyez ?

— Mais peut-être bien, monsieur le commissaire, répliqua le policier.

— Entrez donc dans mon cabinet, nous causerons.

M. Véninger s’assit à son bureau. L’agent Haroux prit une chaise que la commissaire lui désigna.

— Voyons, fit celui-ci, mettez-moi d’abord au courant de ce qui arrive.

— Ce ne sera pas long, fit l’agent. Pour commencer, je vous apprendrai que je recherche les individus appartenant à la bande du fameux Général des Carrières.

— Lequel a été condamné à mort pour avoir assassiné une vieille femme rue Rambuteau. Il avait des complices qui sont entre les mains de la justice, compléta M. Véninger.

— Pas tous, repartit vivement l’agent Haroux, il s’en faut. Ces bandits sont nombreux. Outre une femme qui était la maittresse dudit Général et qu’on nomme la Sauvage, il reste encore en liberté un certain… Sacrais.

— Sacrais ! s’exclama le commissaire.

— Parfaitement, poursuivit le policier, sans parler d’un souteneur, le môme Émile, comme on l’appelle, qui a été arrêté pour un autre délit ici même, avant-hier dans la nuit.

— Vous êtes sûr de ce que vous avancez ? questionna M. Véninger en faisant un bond dans son fauteuil.

L’agent inclina la tête victorieusement.

Le commissaire prit alors une feuille sur son secrétaire et la déchira. C’était la nouvelle déclaration qui devait amener l’élargissement de Boulanger.

Il avait manqué commettre une bévue sans pareille.