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LE DOCTEUR-NOIR

Enfin, il secoua ses appréhensions et regarda d’un air de défi les hautes murailles en pierre meulière.

Il gagna l’entrée, tourna à droite et se trouva devant un guichetier, vêtu d’un costume noir aux boutons argentés, et coiffé d’une casquette en toile cirée.

M. Cuplat, dit-il simplement.

Et il passa sans difficulté. Le gardien lui avait ouvert une porte donnant sur la cour.

Il s’arrêta ; à côté de lui, séparés par une grille, se trouvaient les visiteurs des détenus.

Mères, sœurs et épouses, amies ou maîtresses étaient dans une salle garnie de bancs, en attendant de pouvoir visiter les leurs, enfermés dans cet antre de la loi et du bon plaisir policier.

Jean-Baptiste Flack gagna la porte centrale qui s’écarta à son approche.

Il répéta sa demande.

M. Cuplat est ici ?

M. le directeur ?… que lui voulez-vous ! interrogea un surveillant d’une voix brusque.

— Je suis inspecteur de la sûreté, dit audacieusement le domestique du Docteur-Noir.

— Passez au greffe à droite.

Après quelques formalités, Jean-Baptiste Flack fut introduit dans le cabinet du nouveau directeur.

M. Cuplat, plus gros et plus court que jamais, se leva en reconnaissant son visiteur.

— Ah ! parbleu I il y avait longtemps !… Asseyez-vous donc.

Flack paya d’assurance.

— Puis-je m’informer de votre santé, monsieur Cuplat ?

Le fonctionnaire caressa son fer à cheval avant de répondre.

— On a osé dire que ma barbe est teinte, fit-il.

— Je le sais, hélas ! soupira l’ami du Docteur-Noir.

— On le répète, déclara M. Cuplat avec un commencement de rage.

Jean-Baptiste Flack entrevit une nouvelle édition de son entrevue précédente.

Il coupa court aux doléances du maniaque en demandant, sur un ton de voix indifférent :

— Et qu’y a-t-il de nouveau à Mazas ?

M. Cuplat fit une moue dédaigneuse.

— Oh l c’est une vilaine maison. On n’y attrape que des rhumatismes. C’est à peine si on a le temps de savoir ce qui se passe, tant il y a de mouvement.