La Marmite ne put s’empêcher de sourire de cette bravade.
— Tenez, fit-il, il y en a un notamment qui est de taille à nous jeter par la fenêtre tous à la fois. C’est l’hercule de la troupe. Eh bien ! le chef est encore plus mariolle que lui, je veux dire qu’il n’en ferait qu’une bouchée.
Jean-Baptiste Flack mit la main sur l’épaule du voyou.
— Sais-tu, mon ami, ce qu’il faut pour envoyer au diable tes colosses ?
— Quoi donc ? demanda La Marmite.
— Deux balles de ce joujou, dit Flack en sortant de sa poche un revolver de fort calibre.
— Ah ! je ne dis pas non ; mais encore faut-il ne pas se laisser surprendre dans son pieu.
— On veillera au grain, sois tranquille.
Madeleine, qui s’était tue jusqu’ici, émit une observation.
— Je trouve bien étrange la démarche de ce jeune homme et je ne saisis pas bien le motif qui le pousse à nous donner des conseils.
La Marmite haussa les épaules et fit mine de s’en aller.
— Ce que j’en fais, moi, c’est pour la petite… J’ai pas voulu lui rendre service à moitié… À présent, vous n’êtes pas forcés de me croire. Mettez que je blague et ronflez de bon cœur en laissant les portes ouvertes ; c’est votre affaire.
Georges intervint.
— Il est sincère, j’en suis sûr.
Jean-Baptiste Flack approuva.
— C’est possible, il est jeune et n’a pas une mauvaise figure ; pourquoi lui refuser tout sentiment généreux ? Voyons, mon ami, que pourrait-on faire pour toi ?
Le voyou ne s’attendait pas à cette proposition.
Il s’en tira par une plaisanterie.
— Ah ! c’est vrai, je suis sans ouvrage maintenant. Il me faudrait une place de confiance… c’est-il ça que vous voulez m’offrir ?
Georges s’était levé de table, après avoir chuchoté quelques paroles avec Lydia.
Il s’approcha de Flack et le tira à l’écart.
— Ce garçon n’a pas un mauvais naturel… Si nous le gardions ici ? Il pourrait nous rendre des services.
Jêan-Baptiste Flack se récria.
— Vous n’y pensez pas, monsieur Georges !
Lydia eut un air de tristesse en lisant cette réponse sur la figure du domestique.
Flack voulut terminer là cette entrevue.
— Pas d’enfantillage, dit-il à Georges. Il ne faut pas tomber dans un piège