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LE DOCTEUR-NOIR

En prison, il avait été séduit par les récits des habitués de l’endroit.

Le vol sur une grande échelle, les entreprises hardies des malfaiteurs de marque, tout cela souriait à son imagination aventureuse.

On ne s’était jamais occupé de lui donner de notions sur le bien et le mal.

Il avait accepté avec enthousiasme l’offre que l’Homme-qui-Pue, le receleur, lui avait fait de le faire admettre dans la fameuse bande de Saint-Ouen.

Depuis son admission, ce groupe de malfaiteurs, discipliné par la Sauvage, avait cessé d’exploiter une seule région.

Sous la direction de Caudirol, on a vu quel genre d’entreprise on exécutait.

Jusqu’alors il n’y en avait qu’une, celle du cimetière, du Père-Lachaise, qui eût été fructueuse.

La Marmite en était revenu de son fanatisme irréfléchi.

Il eut volontiers donné la liberté à la prisonnière.

— C’est du sale travail, pensait-il.

La voiture parcourait les environs de Noisy.

Soudain, La Marmite remarquai à l’encoignure d’une avenu, deux personnes qui semblaient attendre quelqu’un.

Elles étaient à l’entrée d’une villa.

Ces deux personnes, disons-le tout de suite, n’étaient autres que Madeleine et Georges Bartier.

Elles guettaient le retour de Jean-Baptiste Flack.

La Marmite reconnut le jeune homme qui les avait interpellés et avait été sur le point de secourir Lydia.

Une pensée généreuse lui vint.

— Si je faisais verser la guimbarde, se dit-il, ça c’est dans mon rôle de cocher. Je ne trahis personne.

Et il manœuvra savamment de façon à aller heurter en biais le rebord du trottoir.

Sacrais venait à son tour d’apercevoir Georges qu’il reconnut pour le jeune homme à qui il avait parlé le jour même.

— Diable ! fit-il, faisons vite.

La Marmite donna un coup de fouet à sa bête…

En ce moment la roue de la voiture alla buter sur le trottoir et se brisa à la hauteur de l’essieu.

— Nom de Dieu ! gronda Sacrais.

La portière s’était ouverte et Lydia avait sauté dehors.

La Sauvage voulut la rejoindre, mais Georges se précipita au secours de la jeune fille qu’il entraîna dans la villa.