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LES MYSTÈRES DU CRIME

gée, car la tête est absolument broyée. La cervelle et des débris du crâne ont été emportés dans le ruisseau.

« Il eût été impossible de reconnaître le curé de Saint-Roch dans ce cadavre mutilé, si des papiers trouvés sur lui, ainsi que ses vêtements, pris le soir même chez la mère de sa victime, n’avaient prouvé son identité d’une manière irrécusable.

« Le baron de C*** n’est pas mort des suites de sa blessure, mais il est à toute extrémité.

« À demain de nouveaux détails, plus complets, »


On le voit, bien des circonstances du crime étaient encore ignorées ou mal interprétées.

La police ne donnait aucun détail pour l’instant, et c’est à grand peine que la vérité parvenait à se dégager du fatras d’absurdités qui couraient alors Paris. Dans les environs de la rue des Gravilliers, il se formait déjà des légendes.

Le prêtre aurait, s’il fallait en croire la rumeur publique, enlevé deux femmes on ne sait où ni comment… Il avait des complices… Sa maison était un repaire de monstres en soutane… Les caves regorgeaient de victimes, etc…

Pendant ce temps, la police était sur les dents.

Le prétendu suicide du curé de Saint-Roch simplifiait l’affaire, mais il restait bien des points à éclaircir.

Si l’on n’avait plus à rechercher le meurtrier, il fallait reconstituer le drame dans ses moindres détails.

C’était une besogne ardue.

M. Véninger, le commissaire de police qui avait été directement mêlé à la tragédie de la veille, ne savait plus que penser ni que faire.

La mort de Caudirol le confondait.

Il pressentait vaguement quelque nouveau mystère…

En raison de la qualité de la principale victime, les formalités habituelles avaient été négligées ou expédiées à la hâte.

Les constations légales ayant été immédiatement faites par le commissaire du quartier, le corps de madame de Cénac avait été transporté à l’hôtel du baron, tandis que celui de la Pitchounette, arraché à grand peine à sa mère, était dirigé sur la Morgue.

Les funérailles des victimes ne devaient avoir lieu qu’au bout d’une semaine. C’était l’ordre exprès du préfet de police.

Marita, la vieille Italienne, avait été enfermée à la Salpêtrière.

Son mari, mort durant l’affreuse nuit où s’est ouvert ce récit, fut enterré le lendemain, à l’improviste, sans le moindre apparat, par les soins de la Préfecture.