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LES MYSTÈRES DU CRIME

La jeune fille la regarda d’un air effrayé et se recula.

— Je vous fais peur ? lui demanda la Sauvage qui commença à jouer son rôle.

Lydia ne répondit point, mais ses lèvres tremblantes et l’agitation de tout son corps laissèrent assez voir combien elle était épouvantée.

— Pauvre mignonne ! reprit la Sauvage, vous allez être rendue à la liberté. Croyez*moi, tous vos tourments sont finis.

Et elle ajouta après une pause :

— Je ne pouvais pas disposer de vous jusqu’ici. Aujourd’hui cela m’est possible et je n’ai pas perdu une seule minute pour vous annoncer cette heureuse nouvelle.

Lydia regardait son interlocutrice avec un sentiment de doute cruel.

— Pourquoi me parlez-vous ainsi maintenant ? demanda-t-elle de sa voix harmonieuse et triste.

— Allons, ne tous inquiétez pas, continua la Sauvage. Vous allez être délivrée ; ayez confiance en moi.

Et elle lui fit une narration fantaisiste qui ne convainquit point la jeune prisonnière.

Cependant, celle-ci entrevit une espérance de salut et ne répliqua rien.

Une voiture arriva sur ces entrefaites.

Le cocher n’était autre que La Marmite, converti en automédon pour les besoins de l’expédition.

Le voyou avait été mis en partie dans le secret.

La Sauvage et Sacrais avaient une confiance illimitée dans son adresse.

Le jeune bandit portait tant bien que mal son nouveau costume.

Il s’approcha avec son dandinement habituel.

— Salut, la bourgeoise ; M. Sacrais, votre serviteur… Ah ! ahl nous allons trimballer mademoiselle. Faudra être généreuse, ma princesse ; les pourboires, voyez-vous, il n’y a encore que ça de vrai.

Et en plaisantant de la sorte, il s’inclinait devant Lydia.

— C’est bon, fit Sacrais, reste ici avec ta cliente. La Sauvage et moi, nous avons à causer.

La Marmite resta seul avec Lydia.

La jeune fille restait immobile dans un coin de la pièce.

Elle leva les yeux sur son étrange gardien.

Celui-ci toussa pour se donner une contenance. Sa blague de gamin de Paris l’abandonnait. Il se sentait gêné, mal à son aise.

Il grommela à part lui :

— Décidément, les entreprises se suivent et se ressemblent. Mais ça ne me botte pas du tout, ce genre de turbin. La Sauvage a baissé dans mon estime depuis qu’elle a mécanisé cette pauvre Titille. Et qu’est-ce qu’ils vont encore