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LES MYSTÈRES DU CRIME

Brusquement, le couloir conduisent à la rue s’éclaira. La mère Peignotte venait d’apporter de la lumière… La Sauvage s’approcha.

Les gardiens de la paix maintenaient le Nourrisseur et ses compagnons en les bourrant de coups. Les outrages pleuvaient. La police était exaspérée.

Des brancards arrivèrent pour les blessés. Ceux-ci furent chargés dans la rue, car le boyau de l’hôtel était trop étroit… Puis, des renforts vinrent de tous côtés. L’entrée de l’hôtel était gardée. On ne laissait sortir personne… C’était la consigne.

On emmena les prisonniers au milieu d’une bonne escorte. Les agents n’étaient guère rassurés. La population du quartier avait été attirée par le bruit et la rue était envahie par bon nombre de malfaiteurs qui ont leur refuge dans les rues de Lourcine et des Anglais.

Les insultes contre les policiers se firent entendre plus nourries quand le détachement de gardiens de la paix s’éloigna avec les bandits arrêtés. Mais les agents se gardèrent bien de répondre et ils attendirent d’avoir gagné la rue Claude-Bernard pour se venger sur leurs prisonniers, qu’ils foulèrent aux pieds et assommèrent de coups.

Au poste, la même scène de brutalité lâche se renouvela avec plus d’impunité, car la police était chez elle. Quelques individus arrêtés au hasard dans la bagarre eurent le même sort que les bandits… Mais revenons à l’hôtel de la rue des Lyonnais.

La Sauvage se trouvait prise comme dans une souricière et ne pouvait plus s’échapper.

Tout à coup une rumeur s’éleva dans la cour du garni :

— On visite les chambres… Nous allons tous être arrêtés !

Et les cris des femmes se mêlaient à ce concert d’exclamations inquiètes.

En effet, le commissaire de police avait donné l’ordre de perquisitionner. Le magistrat pensait que plusieurs bandits avaient pu trouver un asile dans d’autres chambres.

Les patrons se multipliaient pour garder les agents, en protestant de leur innocence.

La mère Peignotte affolée, de l’arrestation de son amant, ne savait plus où elle en était et jurait ses grands dieux que c’était un complot organisé pour déconsidérer sa maison.

Le corps principal de logement fut visité tout d’abord. Les arrestations se multiplièrent à l’infini. La police profita de l’occasion pour faire une rafle complète sur les prostituées qui pullulaient dans cet établissement louche.

Sous les coups répétés des agents, les portes s’ouvraient avec hésitation. On dévisageait les locataires. On questionnait le patron. Les hôtes du garni étaient atterrés.