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LE DOCTEUR-NOIR

L’engagement qu’il avait pris envers le père Marius lui revenait aussi à l’esprit.

Il renonçait à retrouver la petite-fille du vieillard.

Il était loin de se douter qu’à cette heure même, elle était prisonnière comme lui.

Au moment où nous faisons pénétrer le lecteur dans la cellule de l’infortuné, il est six heures du matin.

Il se réveille lentement d’un sommeil rempli de cauchemars.

Il porte ses yeux autour de lui.

L’agent Haroux est couché à l’autre extrémité de la cellule dans un lit de fer.

L’autre détenu dort dans une sorte de hamac placé en travers.

La pièce froide et nue est éclairée par deux vasistas très élevés.

Deux portes de chêne, garnies d’un vasistas ouvert, sont soigneusement fermées.

Un surveillant se promène devant les cellules.

Après quelques instants, le Docteur-Noir se lève et procède à sa toilette.

Puis, il se promène lentement dans la cellule…

Une sonnerie bruyante éclate tout à coup sous les voûtes sonores de la prison et se répercute dans les galeries.

C’est le réveil.

Mazas sort de sa torpeur et s’anime.

La rumeur de douze cents hommes qui se meuvent chacun dans une étroite cellule forme une basse continue et monotone.

Puis les portes s’ouvrent une à une ; les surveillants rejettent dans la galerie les ordures des détenus.

On donne la boule de son et l’eau, puis tout rentre dans un demi-silence.

Le Docteur-Noir était déjà habitué à la vie de l’immense maison de détention.

Pendant que ses compagnons de captivité faisaient leur toilette, il s’était assis sur sa chaise de paille et, la tête appuyée dans ses mains, il réfléchissait.

Deux heures s’écoulèrent.

L’agent Haroux fut appelé au greffe.

Il revint bientôt en affectant d’être tout joyeux.

— Je reviens prendre mes affaires, dit-il ; il y a non-lieu. Je vais être remis en liberté. Mon innocence est reconnue.

Lucien Bartier releva la tête d’un air distrait.

— Ah ! fit-il, tant mieux. Bonne chance !