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LES MYSTÈRES DU CRIME

— Nous en profiterons pour fondre sur eux et nous tirer des pattes.

Il y eut un instant de silence.

Les bandits réfléchissaient et retournaient dans leur esprit les chances de succès du moyen proposé par le géant.

Ils tombèrent tous d’accord.

— C’est la seule chose pratique, conclut Sacrais.

L’hercule fut flatté de cette approbation unanime.

— Je me mettrai en avant… et vous verrez !

Il retroussa ses manches dans l’obscurité.

— La rousse et la pègre vont se rencontrer, mugit-il sourdement… Ah ! on verra… on verra !

Cette apostrophe rendit du courage aux bandits.

La Marmite s’était glissé jusqu’à la porte du cabinet.

Il l’ouvrit doucement.

— Où vas-tu ? interrogea Tord-la-Gueule.

— Dame, moi aussi j’ai mon idée… Chacun pour soi.

Et il referma la porte sur ses camarades…

Puis, d’un bond, il courut se dissimuler derrière les rideaux de la fenêtre.

Il tourna l’espagnolette.

En bas, un agent se promenait lentement.

Tout à coup la porte s’ouvrit violemment.

La police pénétra dans la chambre.

— Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! s’écria le père Peignotte, si c’est possible !

Il venait d’apercevoir le cadavre de Titille.

Jean-Baptiste Flack, lui aussi, vit la malheureuse étendue à côté de la table.

La lampe éclairait à demi ce lugubre spectacle.

Le domestique du Docteur-Noir jeta un rapide coup d’œil dans la chambre.

— Personne ! s’écria-t-il.

Les agents et le commissaire restèrent indécis.

Mais, soudain, ils reculèrent…

La porte du cabinet venait de s’ouvrir et les bandits, armés de couteaux, se précipitèrent sur eux, avec l’énergie furieuse du désespoir.

— À l’aide ! à nous ! crièrent les agents.

Jean-Baptiste Flack s’était rejeté en arrière prêt à saisir la Sauvage au passage. Son attente devait être vaine.

La bataille commença.

Tord-la-Gueule avait saisit le pied de la lampe et il s’en servait comme d’une masse pour assommer les agents.

Ceux-ci avaient dégainé. Ils frappèrent leurs adversaires.