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LES MYSTÈRES DU CRIME

Le gardien de la paix haussa les épaules :

— S’il fallait s’occuper de tout ce qui se passe de louche à l’hôtel Peignotte, il faudrait avoir du temps de reste.

Cette réponse indigna le domestique du Docteur-Noir.

— Je vous dis qu’il se prépare un crime, et c’est ainsi que vous agissez ?

L’agent éleva la voix :

— Est-ce que vous croyez que je vais partir en guerre tout seul dans cet endroit-là ? D’abord votre déclaration ne prouve rien. Est-ce que ça vous regarde, au fait ?

— J’ai vu des hommes se jeter sur une femme dans cette chambre du premier.

— Et puis après ? C’est leur affaire. Des hommes qui se jettent sur une femme ! mais ça se voit tous les jours. Ce n’est pas votre affaire. Je comprendrais encore si c’était la vôtre.

— C’est ma femme, en effet, fit Jean-Baptiste Flack qui se contenait avec peine.

— Oh ! alors c’est différent. Venez chez le commissaire de police.

Et les deux hommes se dirigèrent vers le commissariat.

Arrivé au bureau, Jean-Baptiste Flack fit sa déclaration.

Sur l’ordre du commissaire, le même qui avait auparavant remis en liberté Caudirol, plusieurs agents se disposèrent à partir.

On leur avait dit qu’un crime était sur le point d’être commis et ils marchaient à contre cœur.

Très braves pour malmener un malheureux, ils tremblaient à l’idée de pénétrer la nuit dans l’hôtel Peignotte.

Enfin, ils se décidèrent à partir.

Le commissaire de police marchait derrière ses hommes avec le domestique du Docteur-Noir.

Le brave garçon bouillait d’impatience.

L’hôtel Peignotte venait d’être fermé.

Une partie des agents resta en surveillance devant la maison, tandis que les autres pénétraient dans le bureau de l’hôtel…

Le sieur Peignotte et son épouse se couchaient.

Ils furent désagréablement surpris en recevant la visite de la police à cette heure indue.

— Quels sont les individus qui se trouvent réunis dans la salle du premier étage ? interrogea le commissaire.

— La chambre du milieu ?

— Oui, fit Jean-Baptiste Flack, celle qui a des doubles rideaux.

— Il n’y a qu’un monsieur et sa dame. Voici leurs bulletins en règle.