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LE DOCTEUR-NOIR

— Donc ; la mère Peignolte donne cette chambre-ci à Bambouli et à sa payse. Elle les y conduit et constate qu’effectivement nous sommes tous partis… Bien entendu, nous serons tassés dans le cabinet de toilette,

— Diable ! on n’aura pas froid ! exclama La Marmite.

— C’est probable. Maintenant vous devinez la suite : Nous réglons nos comptes en famille avec cette chère Titille et nous attendons la fermeture. Alors, vers deux heures du matin, nous décampons sans tambour ni trompette.

Le Nourrisseur écoutait attentivement.

— Ma foi, dit-il, si ça se passe comme ça tout le monde sera dépisté, La mère Peignotte elle-même croira bonnement que nous ne sommes pour rien dans l’affaire.

— Certainement, fit Sacrais. Voyez un peu : Un inconnu et une fille louent une chambre pour la nuit. Le lendemain, on ne trouve plus l’inconnu, mais en revanche on remarque que sa donzelle a le sommeil dur… Oh ! mais d’un dur !…

Les bandits éclatèrent de rire en entendant cette plaisanterie,

— Il est épatant, ce Sacrais, s’écria Zim-Zim.

— De cette façon, ajouta le Nourrisseur, la mère Peignotte n’aura rien à me reprocher. D’ailleurs c’est de la réclame pour sa maison.

Sacrais approuva :

— Elle n’aura rien à dire. Et puis nous ne pouvons pas prudemment faire notre petite farce dans une autre maison. Ici, on peut crier à la garde, du diable si quelqu’un se dérangera.

En achevant sa phrase, il alla se poster à la fenêtre en observation.

Il ne remarqua pas Jean-Baptiste Flack qui se promenait à quelque distance de l’hôtel.

Son regard tomba sur un couple bruyant qui faisait son entrée dans la rue.

— Les voilà, dit-il, avec une expression de physionomie hideuse.

Titille et Bambouli se dirigeaient vers l’hôtel Peignotte ; ils entrèrent dans l’estaminet.

— C’est le moment, fit Sacrais à Zim-Zim.

Celui-ci s’empressa de descendre, tandis que la Sauvage et les bandits s’enfermaient dans le cabinet attenant à la chambre.

Quand il entra dans le débit, par la porte de la cour, Zim-Zim aperçut Titille et Bambouli installés devant une table.

Versez,… versez-nous donc à boire,


chantait le bandit qui affectait d’être ivre.

Et, tout à coup, interrompant sa chanson, il cria à la patronne :

— Dites donc, la commère, avez-vous une chambre d’aristo ?