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LES MYSTÈRES DU CRIME

— Mais non !

— Si, si. Le type qui vous a loué la chambre du premier étage hier au soir.

— Tiens, vous le connaissez ? Il est à son aise, le gaillard ; il paie trois francs la nuit, rien que ça !

— C’est une connaissance à Sacrais et à la Sauvage. Ils ont à causer de choses sérieuses.

La mère Peignotte pressentait quelque mauvais coup qui se machinait.

— Il est en haut pour le moment, si vous voulez monter…

Les bandits qui étaient restés au fond de la boutique sortirent avec la Sauvage et gravirent l’escalier sombre et humide de la maison.

La mère Peignotte ferma le débit de liqueurs, et, restée seule avec son mari qui dormait affaissé sur le comptoir, elle secoua violemment celui-ci.

— Je crois qu’il se trafique quelque chose de pas clair ici. La Sauvage et un tas de brigands de sa suite sont venus voir notre locataire du premier. Je flaire un tour de Sacrais.

— Pas de danger, il ne voudrait pas nous attirer d’histoires, répondit le patron en s’étirant les bras. D’abord, le Nourrisseur est là pour un coup, et il ne laisserait pas arriver du grabuge chez nous.

La patronne peu rassurée reprit sa place à la porte de la boutique.

Tandis qu’elle émettait ces craintes, les bandits faisaient irruption dans la chambre du premier où se trouvait Zim-Zim, leur camarade.

C’est lui qui, la veille, avait loué la chambre sur l’ordre de Sacrais.

C’était une grande pièce, la meilleure de l’hôtel Peignotte.

Après quelques paroles d’amitié, Sacrais s’adressa aux bandits :

— Titille est en bonnes mains. Bambouli nous la ramènera saine et sauve.

— Et puis ? questionna Zim-Zim.

— Ils entreront à l’estaminet et prendront un verre ou deux. Ensuite Bambouli demandera à la mère Peignotte ; « Dites donc, vous n’avez pas une jolie chambre pour la nuit, avec un bon lit et un sommier qui ne fasse pas trop de musique ? » Au même moment, toi, Zim-Zim, tu redescendras et tu rendras ta clé en disant que tu t’en vas.

— De sorte que la chambre sera libre ?

— Parfaitement. D’autant plus que tu diras tout bas à la mère Peignotte que nous sommes partis depuis cinq minutes par le couloir et que tu nous rejoins pour faire une petite expédition.

— Très bien. Ça passera comme une lettre à la poste. Les patrons ne connaissent pas Bambouli ?

— Non, il n’est jamais venu ici.

— Ah ! tant mieux.