Les bandits entendirent avec terreur un bruit que le silence rendait formidable.
Leur chef était englouti avec les cercueils au fond du caveau…
Ils reculèrent épouvantés.
— Ahl ça, est-ce qu’il y aurait un bon Dieu, nom de Dieu ? fit La Marmite. En tous cas c’est un muffe s’il a démoli l’patron.
— Sauvons-nous, proposa La Guiche qui tremblait.
— Jamais, riposta Tord-la-Gueule.
— Non, fit La Marmite qui dominait la peur instinctive qui s’emparait de lui. Le patron est là-dedans. Faut l’en repêcher.
— Eh bien, allez-y, moi je m’en vais, reprit La Guiche.
— Bouge pas, gronda Tord-la-Gueule, s’il y a un tonnerre de Dieu, faut qu’il nous écrase tous.
— Y a pas d’bon Dieu qui tienne, fit La Marmite ; allons-y et tant pis.
Il se pencha sur le caveau.
— Monsieur Renaud…
— Présent, mon petit !
Et Caudirol reparût, les cheveux hérissés, le visage d’une pâleur mortelle.
La lune éclairait ce spectacle de sa teinte livide,
— Sauvé ! cria La Marmite… Oh ! le patron, c’est un maître !…
— Chut, dit Caudirol, modérant l’emportement du gamin. Tout s’est effondré, mais j’ai pu remonter en me hissant après les bois qui garnissent le caveau.
— Nous avons eu un fier trac, conclut Tord-la-Gueule.
Caudirol regarda La Guiche qui tremblait.
— Ça t’a émotionné, mon garçon ? lui dit-il.
— Moi ? pas le moins du monde, répondit celui-ci dont les dents claquaient encore de terreur.
Caudirol jeta un coup d’œil de travers au jeune bandit.
Il avait entendu tout ce qui s’était dit.
En lui-même il pensait :
— J’ai trois individus dangereux avec moi : Sacrais, Le Nourrisseur et La Guiche, je verrai à m’en débarrasser. Il n’y en a qu’un, Sacrais, qui puisse m’être utile… et encore.
Il reprit tout haut, en se mettant lui-même à l’ouvrage :
— Ouvrons ça… Tiens !… j’ai perdu mon tourne-vis en tombant… Mais, il y a seulement des crochets… Faisons vite.
— Sans compter que ça a fait un chahut de tous les diables, votre chute, appuya Zim-Zim.
Caudirol, aidé par ses hommes, fit sauter le dernier crochet et enleva le couvercle.