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UN REVENANT

une permission de Dieu ; mais comme l’heure approche où je dois retourner parmi les morts et qu’il faut, qu’avant de partir je vous transmette la cause de ma présence ici, afin que mon malheur vous serve d’exemple, je vais m’empresser de vous raconter la chose.

Il y a dix ans à pareille époque, un homme revenait de la ville, à pieds, lorsque arrivé dans les environs d’ici, il fut saisi par une violente tempête, qui le contraignit à venir me demander asile. Je refusai d’ouvrir, et comme il insistait, je menaçai de le tuer, s’il ne se retirait pas.

Il partit, en effet, mais je ne pus dormir de la nuit. Il me semblait entendre les gémissements de ce malheureux qui me suppliait de le laisser entrer, et le lendemain matin, j’étais debout avant quatre heures.

Je n’osais sortir ; j’avais comme un pressentiment de ce qui devait m’arriver