ment s’était opéré chez le pauvre Julien. Il avait vieilli comme si trente années s’étaient écoulées depuis le jour où il reçut son châtiment. Ses cheveux étaient presque blancs ; des rides nombreuses sillonnaient sa figure ; il était sombre, taciturne, ne parlait jamais ; il semblait, en un mot, comme un spectre vivant.
Le temps fixé pour sa détention finit bientôt. Il éprouva une certaine satisfaction lorsqu’on lui annonça qu’il allait enfin jouir de la liberté. Il y tenait, le malheureux, à la liberté, et pour une raison qui le peint bien sous son vrai jour.
Pierre Julien attribuait tout ce qu’il avait souffert à Alexina et à Arthur. À Alexina, parce que par son refus de l’accepter pour époux, elle l’avait fait chasser de sa paroisse natale. Il se figurait que s’il eût épousé cette jeune fille, il se serait fait une vie nouvelle, heureuse et tranquille ; à Arthur, puisque celui-ci lui avait enlevé celle que lui, Pierre, désirait pour compagne de sa vie.
Des idées de vengeance traversèrent