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effrayé. Son compagnon s’aperçut de sa frayeur et se mit à le gouailler. Le malheureux Pierre souffrit le martyre pendant tout le trajet.

Il arriva à Kingston le soir. Après avoir entré son nom et celui de son compagnon sur le registre du pénitencier, on leur fit changer leurs vêtements pour le costume du forçat. Pierre fit ce changement d’assez mauvaise grâce. Il trouvait pénible d’avoir à endosser un pantalon dont une jambe était d’une étoffe rouge et l’autre d’une étoffe gris pâle, un habit de la même façon, et une casquette faite des mêmes étoffes taillées en pointes disposées de manière que le rouge fût suivi du gris ; mais, que pouvait-il faire ? n’était-il pas devenu forçat par sa faute et ne devait-il pas subir les conséquences de sa misérable conduite ?

Quand il se vit affubler de ce costume il ressentit toute l’humiliation qui le frappait. Il était relégué de la société. À l’avenir il n’avait pour toute espace, que les quatre murs qui entouraient le pénitencier