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sence à sa présence. C’est que Langlois était devenu d’une brutalité inconcevable.

La dernière fois qu’il était allé chez lui, il avait jeté son épouse au bas du lit sur lequel elle gisait depuis quatre mois et avait mis ses enfants demi-nus, à la porte par un temps affreux.

Les trois petits malheureux étaient demeurés plus d’une heure dehors, nu-pieds sur la neige, grelotant de tous leurs petits membres frêles et se tenant bien serrés l’un près de l’autre, afin de se réchauffer un peu. Ils n’osaient pleurer de crainte que leur père ne vint à les entendre et à les battre. Les cris, les blasphèmes que le misérable jetait dans la maison, les faisaient trembler davantage. Enfin, ils entendent la porte de la maison s’ouvrir et se fermer avec violence et aperçurent leur père s’éloignant en jurant comme un possédé.

Ils s’empressèrent d’entrer et trouvèrent leur mère couchée sur le plancher et privée de connaissance.

Lozia courut chez la voisine qui s’empressa de se rendre chez Langlois. La bonne femme plaça Marie-Louise sur son lit et essaya de la ramener à la vie. Au bout de quelques instants, Marie-Louise ouvrit les yeux et son premier cri fut : mon argent ?

La mère Blanchette, tel était le nom de la voisine, demanda ce qu’elle avait eu ?