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Fille unique d’un riche marchand, Marie-Louise avec sa beauté et ses talents, pouvait espérer le meilleur parti possible.

Lucien n’avait pour tout partage que sa position.

Ils étaient donc séparés, ces deux cœurs créés pour s’aimer.

Depuis un mois environ, Lucien était triste. Il avait cru s’apercevoir que la jeune fille l’aimait ; il craignait que son patron n’apprit l’amour de sa fille et ne le renvoyât de son service.

Il voulait bien fermer son cœur à tout espoir, mais il ne pouvait se faire à l’idée de quitter cette maison où il avait été si heureux pendant cinq ans. Il sentait la douleur que lui causerait l’éloignement de celle qu’il aimait.

Et il était triste.

Le père Marcotte était un bon homme fini.

Il aimait Lucien comme son propre enfant. Il n’était pas rare de l’entendre dire, en parlant de sa fille et de son employé : mes deux enfants.

Pierre Marcotte s’aperçut bientôt du changement opéré chez Lucien. Il demanda à ce dernier s’il était malade ou s’il avait quelque chose qui le chagrinait.

Celui-ci répondit qu’il n’avait rien du tout ; qu’il