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Langlois commençait à comprendre qu’il venait de faire un mauvais pas.

Il croyait prendre un verre et s’en aller de suite, mais cela ne faisait pas l’affaire de ses amis. Aussi lorsqu’il voulut partir se mit-on devant lui pour l’empêcher de le faire.

On passa dans une petite chambre et la conversation recommença, Tout naturellement on parla des hommes mariés.

— Je ne comprends pas, dit Breton, qu’un homme puisse passer sa vie à tenir les jupons de sa femme, car c’est bien tenir les jupons de sa femme que d’être toujours auprès d’elle.

C’est vrai ; ajouta Jos Latulippe, à peine est-on marié, qu’on abandonne ses amis pour s’enicher avec sa femme. Hypolite n’osait rien dire, il s’en voulait d’avoir accepté l’invitation de ces gens-là. On lui offrit un second verre, il refusa. Alors on y alla à découvert.

— Ah ! ça, dis donc, Langlois, ta femme t’a défendu de boire, hein ! Et tu lui obéis comme un enfant, n’est-ce pas ?

— Ce n’est pas ma femme qui me l’a défendu, répliqua Langlois fâché de voir qu’on le croyait sous la domination de son épouse ; c’est moi qui ne veux pas boire.

— Ta, ta, ta, tu as beau parler, nous connaissons