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Hypolite n’était pas encore rendu à sa demeure. Marie-Louise accoudée à la fenêtre, examinait la rue sombre et déserte. Il faisait un temps affreux ; une pluie battante poussée par un gros vent de Nord-Est, venait frapper contre la maison.

Tout à coup, Marie-Louise aperçut au coin de la rue de la Chapelle, un homme ivre, titubant de côté et d’autre et ayant toutes les difficultés possibles à marcher. Son cœur se serra ; une idée douloureuse lui traversa l’esprit ; si c’était mon mari, pensa-t-elle ?

Elle se penche sur le bord de la fenêtre et malgré la pluie, elle regarde et cherche à reconnaître le malheureux qui s’en vient.

Il approche ; elle attend les paroles sans suite qu’il prononce. Enfin il n’est plus qu’à quelques pas.

Ciel ! c’est mon mari, s’écrie-t-elle en reconnaissant Hypolite Langlois dans cet homme ivre.

Elle se lève pâle et tremblante ; elle croit qu’elle va défaillir.

Reprenant enfin courage, elle court ouvrir la porte de la maison.

Hypolite en entrant s’accroche le pied au perron et tombe sur le plancher. Il cherche à se relever, les forces lui manquent et il tombe de nouveau.

Marie-Louise croit son époux mort. Elle pousse