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— Tiens, répondit la mère Martin, toujours la même rengaine. Chaque fois qu’il y a un mariage, tu as toujours à nous crier dans les oreilles : Ah ! mon Dieu, la pauvre fille, elle en fait un beau coup ; elle en prend un fin matois, etc. Est-ce que par hasard, tu serais peinée d’être restée vieille fille ?

— Moi, ah ! bien, par exemple, si je ne me suis pas mariée c’est bien parce que je ne l’ai pas voulu ; hein, Mathilde ?

Mathilde était une fillette de dix-huit ans, qui ne prenait nullement part aux discours de sa tante mais qui s’amusait tout bonnement à regarder passer les jolis garçons.

— Qu’est-ce que vous désirez, ma tante, demanda Mathilde ?

— Au fait, tu ne peux rien en dire, reprend la vieille fille. D’ailleurs la mère Martin, quant à être mariée comme vous l’êtes, je préfère rester fille.

— Oui ! et pourquoi ?

— Pourquoi ? pourquoi ? Ah ! si je voulais parler, j’en dirais long, mais je ne parlerai pas, non, je ne parlerai pas.

Il est probable que la mère Martin connaissait à qui elle avait affaire, car elle ne répondit pas à cette sortie de la vieille fille. La conversation retomba de suite sur les nouveaux mariés.