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III.


Le mariage d’Hypolite Langlois avec Marie-Louise Danjou, avait excité les commères de St. Roch. Il ne faut pas mépriser sa paroisse, et lorsque l’on a de ces femmes-là, l’on doit s’empresser de le dire. Or, mes chers lecteurs, vous savez s’il y en a une foule de ces journaux parlants dans St. Roch. Trois mois avant chaque mariage et six mois après, vous les entendez jaser sur les futurs mariés et sur les nouveaux époux.

Vous savez un peu ce que c’est que des commères, n’est-ce pas ? Elles se rassemblent, ces bonnes dames, deux, quatre, six, huit, dix, douze même au coin d’une rue, à la porte de l’église ou sur le marché, et il faut voir si le petit instrument qu’on est convenu d’appeler la langue, marche. La langue, pardine, le bon Dieu nous l’a donnée, c’est pour nous en servir ; et elles s’en servent ces braves commères.

Donc, comme je vous le disais en commençant ce chapitre, le mariage d’Hypolite et de Marie-Louise, avait monté la bile des commères. Elles en parlaient depuis trois mois.

— Eh ! bien, disait Marie Lambèche, une jeune fille de 48 ans, à la porte de l’église St. Roch, le jour du mariage ; cette pauvre fille, elle en prend un beau gas là.