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un homme rangé, sobre, honnête, mais, c’est pour toute cette jeunesse-là, dit-il, en me montrant deux ou trois jeunes-gens qui passaient.

— Vous avez peut-être raison, père Michel ; la jeunesse d’aujourd’hui ne vaut pas l’ancienne.

— Tenez, voulez-vous savoir, ce qui tue nos jeunes-gens ? Eh ! bien, c’est la boisson. Et pourtant si l’on connaissait toutes les misères causées par ce vice infâme. J’en ai vu et connu, moi des ivrognes ; et je dois l’avouer, ils se ressemblent tous. Je pourrais vous compter une petite histoire dont l’épouvantable dénouement est arrivé en 1866, lors du grand incendie qui dévasta une partie de St. Roch et tout St. Sauveur ; mais ce n’est ni le temps, ni le lieu, pour raconter des histoires.

— Faisons une affaire, père Michel, disons que j’irai chez vous ce soir. Vous me conterez votre histoire et je vous en serai reconnaissant.

Ma proposition fut acceptée et le soir même le bon père Michel, me faisait le récit qui suit :


II


Un lundi du mois de mai 1856, monsieur le curé Charest bénissait dans l’église St. Roch, le mariage de Joseph-Hypolite Langlois avec Marie-Louise Danjou.