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L’argent a-t-il jamais fait le bonheur ? On a trop de preuves du contraire pour le croire.

Je disais plus haut que personne ne pouvait expliquer l’antipathie que semblait éprouver Lucien pour les filles.

C’était une erreur.

Il y avait quelqu’un dans la paroisse qui savait fort bien pourquoi Lucien ne s’amusait pas aux demoiselles de l’endroit.

Et ce quelqu’un, c’était Marie-Louise, la fille de Marcotte, le marchand.

Disons de suite que jamais Lucien ne lui avait parlé d’amour. Mais avec cette intuition qu’a généralement la femme, elle avait sentie qu’elle était aimée.

En fut-elle fâchée ? Son ange gardien qu’elle priait chaque soir, aurait seul pu le dire.

Mais à la voir à genoux dans sa chambrette, les mains jointes, la figure rayonnante de bonheur, on pouvait supposer qu’elle ne demandait pas à Dieu, d’éloigner de Lucien, l’amour qu’il avait pour elle.

Il y avait bien quatre ans qu’ils s’aimaient au moment où commence notre récit.

Lucien continuait à vivre auprès de celle à laquelle il avait donné tout son amour et comme