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connu et partout où je me présentais, je recevais la même réponse : pas d’ouvrage.

Le besoin se faisant sentir, je fus contraint d’aller travailler à la journée sur les quais. Je fis connaissance avec des misérables de la pire espèce. D’un caractère changeant, sans volonté, j’oubliai les résolutions que j’avais prises de me corriger et je devins aussi vaurien qu’eux.

Ne pouvant pas suffire à mes dépenses, je volai. Un de ceux qui m’avait aidé à faire le coup, me dénonça à la police. On fit une perquisition chez moi et on y trouva les objets volés. Je fus pris, amené devant le juge et condamné à cinq ans de pénitencier.

Béland fit une nouvelle pose. Évidemment, il lui en coûtait de me confier le secret de sa vie. Je lui en fis la remarque en lui disant que c’était mieux pour lui de ne pas continuer. Ses jambes le faisaient horriblement souffrir. Je le priai de se tenir coi et de tâcher de prendre du repos.

— Du repos, me répondit-il, j’en prendrai bientôt et ce sera pour longtemps. D’ailleurs j’ai commencé à te conter ma vie, je tiens à continuer jusqu’au bout…

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