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pas de prêtre dans le chantier et lorsqu’un des nôtres mourait, il n’avait pas la consolation de recevoir les sacrements de l’Église.

François Béland, après avoir bu un peu d’eau que je lui avais donné, commença le récit de sa vie.

Mon enfance, mon cher ami, n’a été qu’un tissu de plaisir, de joie et de bonheur : tout était rose pour moi.

Né de parents riches, je fus élevé avec toute la délicatesse possible. Mon père était un des premiers marchands de Montréal et faisait de très bonnes affaires.

Je me rappelle bien peu de mon père, car, lorsqu’il mourut, j’avais à peine cinq ans ; mais je me souviens très bien de ma mère, cet ange de douceur, et son souvenir me reproche sans cesse d’avoir si peu suivi les bons conseils qu’elle m’a donnés dans ma jeunesse et surtout sur son lit de mort.

Hélas ! quand on est entré dans la voie du vice, on en sort difficilement.

À dix ans, ma mère m’envoya au séminaire de Québec pour y faire mes études.

Je ne parlerai pas de la peine que je ressentis