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— Contez toujours, père Michel, — c’était le nom du vieillard, — nous dormirons moins longtemps, répondîmes nous.

— Puisque vous le voulez, dit le père Michel, je vais vous la dire, seulement, vous comprenez bien que je ne vous donnerai pas le vrai nom de mon héros.

Et le bon vieux commença d’une voix émue, le récit suivant :

C’était en 1856, je travaillais avec plusieurs autres ouvriers, dans un chantier, à Ottawa ou Bytown, comme on nommait cette ville alors.

Notre journée était finie ; nous revenions à notre camp, lorsque nous vîmes venir au devant de nous, l’air effaré, un de ceux qui travaillaient dans une autre partie du chantier. Nous nous empressâmes de le rejoindre pour lui demander ce qui était arrivé.

— C’est François Béland qui vient de se tuer, nous dit-il !

— François est mort ?

— Pas mort encore, mais ça ne peut tarder beaucoup.

Puis sans nous donner le temps de lui demander des explications, il nous raconta qu’un arbre