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me faudrait employer les termes des grands romanciers. Vous savez la ritournelle en question. Une taille élancée, svelte, je ne sais trop quoi, une figure de madone peinte par un grand artiste, les yeux couleur de geai, les dents ressemblant à trente-deux perles · · · · · · · · · · · · · · · · · · ainsi de suite. Moi, je vous dirai tout simplement que Ida était une belle grande brune qui faisait tourner la tête à bien des garçons et qui · · · · · · · · · la tournait elle-même pour voir les garçons.

Dans ce temps-là, c’était comme à présent, les jeunes filles se laissaient regarder par les garçons et les regardaient aussi.

Mais suffit. Je pourrais me faire gronder par quelques bonnes mamans qui ne veulent pas admettre que dans leur temps, les jeunes filles n’étaient pas plus sages que celles d’aujourd’hui.

La mode d’embrasser les garçons entre deux portes, quand on va les reconduire, après la veillée, n’était pas établie, paraît-il.

Plusieurs autres manières de faire l’amour, en usage aujourd’hui, étaient inconnues dans le temps.

Mais passons.

Ida, à vingt ans, aimait de tout son cœur un jeune homme de Joliette ; elle l’aimait même depuis une couple d’années. Comment avait-elle fait