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Le voilà qu’il court pieds nus sur la neige, n’ayant pour tout vêtement qu’une pauvre petite jaquette en flanelle qui lui va à peine aux genoux ; tombant à tout instant et se relevant couvert de neige, pour reprendre sa course.

Il croit entendre les cris de son père, il s’imagine le voir à sa poursuite et sa frayeur augmente.

Il court le plus vite que peut lui permettre ses petites jambes et la neige qui encombre le chemin.

La sueur l’inonde, malgré la légèreté de son vêtement.

Il court, tombe, se relève et court encore.

Où va-t-il ? il n’en sait rien lui-même. Il fuit un danger, ne sachant pas qu’il court après un plus terrible, un plus effrayant.

Il commence à sentir la fatigue ; il ralentit sa course.

Le froid le gagne avec rapidité.

Le voilà qu’il grelotte, le pauvre petit, il est tout transi.

Il s’arrête et regarde autour de lui ; il ne voit que de la neige.

La neige tourbillonne autour de lui et se colle à son vêtement.

Ses membres se glacent petit à petit. Il se voit loin de la maison paternelle, il oublie ce qui s’y