Page:Morissette - Au coin du feu - Nouvelles, récits et légendes, 1883.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 36 —

goût d’Alvina. J’avouerai qu’elle avait parfaitement raison ; chaque fois que le père Germain arrivait ivre chez lui, il brisait les meubles, battait sa femme et jetait la jeune fille dehors.

Mince encouragement pour une jeune fille, que la nouvelle qu’un semblable bonheur l’attend.

Les supplications et les promesses d’Alfred Lambert et les menaces de son oncle, finirent cependant par triompher de la résistance d’Alvina et le mariage eut lieu.

Il y avait à peine un mois qu’il était marié que déjà Alfred reprenait ses habitudes d’ivrogne. Il arrivait ivre presque tous les soirs, chez lui ; il brisait tout dans la maison et finissait par accabler de coups la malheureuse qu’il avait juré d’aimer et de protéger.

La naissance d’un enfant ne réussit pas à modérer la passion dont Alfred était ravagé et bien des fois, la pauvre femme dut cacher son enfant pour éviter qu’un malheur arrivât.

La veille du 1er de l’an 1878, Alvina travaillait auprès d’un petit lit, sur lequel reposait un enfant de cinq ou six ans.

Elle regardait de temps à autre du côté de la porte, espérant voir arriver son époux.