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dans un coin, seule, regardant les nombreux danseurs et danseuses qui passaient devant elle.

Elle avait honte du costume qu’elle portait, et n’osait bouger de crainte d’attirer les regards effrontés des jeunes gens.

Elle songeait au mal qu’elle occasionnerait, si on la voyait, et comme elle était bonne et pieuse, elle demandait à Dieu d’éloigner d’elle toute occasion qui la mettait en évidence.

À part la honte que lui faisait éprouver son costume décolleté, Arthémise se sentait le cœur triste. Il lui semblait qu’un malheur pesait sur sa famille.

Dieu, se disait-elle, ne peut laisser impuni tant de péchés et ce sera sur nous, catholiques, que retombera sa colère.

Lorsque sa mère lui reprocha d’avoir manqué une magnifique occasion de se trouver un mari, Arthémise lui répondit simplement : attendez.

La manière dont il fut dit, plutôt que le mot lui-même, impressionna vivement monsieur et madame Provost, sans trop savoir pourquoi ils hâtèrent le pas. Comme ils demeuraient à peu de distance de l’hôtel dans lequel s’était donné le bal en question, ils arrivèrent bientôt à leur résidence.

En entrant dans la maison, un spectacle affreux, inouï, se présenta à leur vue.