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C’était plus que suffisant pour ses goûts modestes.

Alexis Provost avait épousé à l’âge de vingt-ans, une jeune fille de Montréal, Alice Boisvert.

Madame Provost était une gentille personne. Elle n’était âgée que de dix-huit ans, lors de son mariage. Elle avait été très bien élevée, elle avait reçu une bonne éducation ; c’était une femme accomplie ; ajoutez à cela une beauté assez rare et vous comprendrez facilement que le jeune Provost s’éprît d’elle et l’épousât.

Alice Boisvert avait pourtant un défaut, un grand défaut même, elle était affreusement légère… de caractère.

Des ennemis de la plus belle partie du genre humain ont prétendu que la légèreté était un défaut inné chez les femmes. Je ne serai pas aussi sévère qu’eux, mais je dirai que malheureusement, la chose se rencontre souvent.

Alice Boisvert, fille, contait fleurette à tous les garçons qu’elle rencontrait. Elle était gaie, rieuse, aimait à badiner ; partout où elle allait, on pouvait être certain que l’amusement ne manquerait pas.

Un beau jour, sa gaieté disparut comme par enchantement. On se demandait ce qu’elle pouvait avoir, mais personne ne réussissait à découvrir le secret de ce changement subit. Quelque temps