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qu’il ne la maltraitât Cependant lorsqu’elle le vit entrer dans un hôtel, elle mit toute crainte de côté et entra derrière lui.

— Que venez-vous faire ici, demanda-t-elle à Langlois.

— Ce que je viens faire ici, eh ! bien, mon affaire. Maintenant, dépêche-toi de te rendre à la maison de suite, ou bien, je vais t’y conduire.

— Vous savez que le corps d’Albertine est à l’église, dit Lozia, et qu’on vous attend pour le conduire au cimetière.

— Eh ! qu’est-ce que cela me fait ! cria Langlois en blasphémant ; veux-tu !… ton camp.

Lozia ne bougea pas. Cette enfant de neuf ans voulait empêcher son père de s’abaisser jusqu’au point de dépenser pour de la boisson, l’argent qu’il avait reçu pour l’inhumation de sa fille.

Malheureusement, le maître d’hôtel était un de ces individus comme on en voit trop souvent, hélas ! qui ne demandait qu’à faire de l’argent. S’apercevant que Lozia voulait dissuader son père de boire, il lui dit durement, en la prenant par le bras et en la conduisant jusqu’à la porte ; tu n’as pas entendu ton père qui te dit de t’en aller ? Allons, décampe et vite, encore.

Il n’y avait pas à lutter. Lozia dut partir. Au lieu de se rendre immédiatement auprès de sa