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Elle était cependant loin de se douter de tout ce dont son mari s’était rendu coupable. Elle pensa que Langlois l’avait laissé à la porte en revenant du cimetière et qu’il avait continué son chemin. On comprendra facilement la douleur qu’elle ressentit, lorsque le petit Louis lui annonça que son père avait abandonné le corps de sa petite fille dans l’église pour aller on ne savait où.

Voyons ce qu’était devenu Langlois.

Au lieu de se rendre immédiatement à la sacristie, Langlois avait pris la première porte qu’il avait rencontrée et s’était sauvé dans la rue. Il avait deux piastres dans sa poche et son idée était bien arrêtée ; il allait boire jusqu’au dernier sou. Mais cette fois, il devait avoir un témoin de son action.

Lozia avait suivi de loin, le cortège funèbre. Arrivée à l’église, elle s’était blottie dans un coin, et comme en hiver, à quatre heures, il commence à faire noir, elle passa inaperçue. Lorsqu’elle vit son père se diriger vers la sacristie, elle partit par derrière lui et se trouva dans la rue une minute après lui. Cependant, Langlois ayant de l’avance sur elle, elle courut jusqu’à ce qu’elle l’eût rejoint. Elle se mit alors à le suivre, tout en laissant un certain espace entre son père et elle.

Elle n’osait pas lui parler de suite ; elle craignait