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d’argent. Ce sont les voisins qui ont acheté ce que la petite a sur elle en ce moment.

Évidemment, Langlois était convaincu, car il ne dit pas un mot ; ce fut du moins ce que pensa Marie-Louise. Mais, si nous le suivons, nous verrons ce qui le faisait paraître convaincu. Il se rendit de nouveau dans la chambre où gisait son enfant, s’approcha d’Albertine, et, oh ! scandale, il enleva les souliers qu’elle portait, et les mit dans sa poche.

Peu d’instants après, il quittait la maison.

Il vendit les souliers de la morte et dépensa l’argent dans le premier hôtel qu’il trouva sur son chemin.

Quelle infamie !

On ne s’aperçut pas de suite du vol que Langlois avait commis. Ce fut une des voisines qui en prit connaissance la première et en fit part à Marie-Louise. Dès le premier mot, celle-ci comprit de suite ce qui était arrivé.

Le misérable, pensa-t-elle, je n’aurais jamais cru qu’il fût rendu si bas. Cependant elle n’osa le dire à sa voisine ; elle avait honte de dévoiler l’infamie dont son mari s’était rendu coupable.

Le soir, Langlois revenait de nouveau. Sa femme l’appela près de son lit et lui demanda si c’était lui qui avait enlevé les souliers d’Albertine.