Page:Morissette - Au coin du feu - Nouvelles, récits et légendes, 1883.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 98 —

avait besoin, devenait de plus en plus faible. La petite Albertine avait, par la faute de son père qui l’avait mise à la porte, attrapé une fluxion de poitrine et se mourait, Il n’y avait que Lozia et son petit frère qui tinssent bon, encore avaient-ils plutôt l’air de squelettes que d’êtres vivants.

C’était la troisième fois que dans la famille Langlois, on se levait avec la perspective de passer une journée au froid et sans manger.

Lozia se leva la première, et se mit à faire son petit ménage, tout en songeant à la résolution qu’elle avait prise. Lorsqu’elle eut terminé, elle dit à sa mère qu’elle allait sortir pour quelques instants ; puis à moitié habillée, elle partit ; elle s’en allait mendier de quoi nourrir sa mère, son frère et sa petite sœur.

Mendier ! n’avez-vous jamais songé à ce que veut dire ce mot ? Vous êtes-vous jamais fait une idée de la somme de courage que doit avoir le malheureux qui est réduit à venir vous demander assistance ? Ah ! si l’on savait ce que souffre ce petit enfant de huit, dix ou douze ans, qui vient frapper à notre porte et demander la charité ; si l’on savait la honte qu’il ressent ; si l’on connaissait la force qu’il déploie pour empêcher ses larmes de couler ; comme on le recevrait avec bonté. Savez-vous ce qui attend le petit mendiant, chez lui ? Un