Le Père Lalemant.
moins réglementé, selon les siècles. Mais
ces autres, Cartier, Champlain, François
de Laval, Radisson, environnés de dangers,
guettés par des peuplades ignorantes et
souvent meurtrières, voguant sur des lacs
et des fleuves dont ils ignoraient le cours
et les écueils, se frayant un pénible chemin
à travers des forêts vierges, au-delà de
montagnes escarpées et sourcilleuses, comment avançaient-ils, eux, souffrant souvent
de la faim, de la soif sous l’ardent soleil
des prairies, ou, en hiver, d’un climat
dont ils ne pouvaient prévoir les rigueurs,
pauvrement armés comme on l’était alors,
déchirant velours ou buffleteries aux ronces
de la brousse… comment avançaient-ils, ces
Français vaillants, vers l’intérieur des terres,
plus loin, toujours plus loin, vers cette Inde
de rêve, vers l’Eldorado mystérieux et fermé
qu’ils voulaient conquérir pour leur Roi ?
D’abord, dans des caravelles, frêles coquilles à la merci des flots. Puis, pendant de longues années, à pied, toujours à pied, courbés sous le faix de