Diverses furent les fins qui inspirèrent les découvreurs européens en Amérique : recherche de l’or, liberté politique, émigration devant l’intolérance religieuse, ou simple amour de l’aventure… il appartenait aux Français d’y apporter la divine semence évangélique. « Le missionnaire » — écrit Garneau — « marchait à côté du défricheur pour l’encourager et le consoler ; il suivait l’explorateur et le traitant dans leurs courses périlleuses ; il s’installait parmi les tribus les plus reculées afin d’y annoncer la parole de Dieu… son dévouement, surtout aux heures critiques de la colonie, était sans bornes. »
SALON DE 1907 | |
Il convient donc, dans ce petit livre, de classer le missionnaire avec le marin et le soldat lorsque nous parlons des premiers grands voyageurs et explorateurs au Canada. Dès les premières pages de notre histoire, nous le voyons partout, depuis la baie d’Hudson jusqu’à la vallée du Mississippi, infatigable, brave, zélé, et ne faiblissant jamais devant la constante menace du supplice, temple tragique
… des saintes épousailles
De la Mort et de la Beauté !
Les premiers voyageurs leur avaient frayé la route. Champlain avait exploré les côtes de la Nouvelle-Angleterre et découvert le lac qui porte aujourd’hui son nom ; Étienne Brûlé avait navigué, âgé de dix-sept ans à peine, sur l’Ottawa, le lac Nipissing, la rivière des Français, la baie Géorgienne, le lac Huron, et découvert le lac Ontario ; Jean Nicolet avait reconnu le lac Michigan et pénétré jusqu’à l’état du Wisconsin… et dès 1615, le Récollet Jean d’Olbeau traversait les sombres montagnes de la région du Saguenay ; le P. Joseph Le Caron montait au pays des Hurons ; le Jésuite Jean de Quen découvrait, en 1647, le lac Saint-Jean ; le P. Gabriel Druillettes, l’apôtre des Abénaquis, remontait la rivière Chaudière et descendait celle de Kennebec jusqu’à la mer ; poussant inlassablement vers la source du Saint-Laurent, les PP. de Brébeuf, Gabriel et Jérôme Lalemant, Raymbault, Jogues, Pijart,