Page:Morice - La Littérature de tout à l’heure, 1889.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Montesquieu), de tout (Diderot). Un seul fait exception, mais Rousseau n’appartient pas plus au XVIIIe siècle que Chateaubriand : Rousseau, Gœthe et Chateaubriand ouvrent le XIXe. Rien en musique[1]. La peinture se débat dans un jour inquiétant et charmant, plutôt crépusculaire. L’Imagination moderne est réduite au néant pour avoir prétendu se borner au fini, se passer de l’idée de Dieu. Pour rendre la vie à l’Imagination, cette fois, la destinée décrétera d’autres ressources que celles d’une Révélation nouvelle. Elle ramènera les esprits au sentiment religieux — par l’épuisement naturel d’une gaîté qui s’irritait jusqu’à l’insensibilité en ce temps qui prodigua l’épithète « sensible », jusqu’au sadisme, et ce seront les déclamations sentimentales de J.-J. Rousseau qui rendront à ses contemporains le goût, tout chrétien, des larmes, — par le respect des grandes inventions scientifiques, et Newton et Laplace étonneront les esprits de leur faire prendre goût aux plus hautes spéculations, rede-

  1. Rien en musique française. C’est au contraire le grand siècle de la musique allemande, protestante, mais, comme la Littérature est l’objet principal de ces études, on y néglige les autres arts. Ils ne contrediraient pourtant certes point la théorie. Pour nous en tenir à la Peinture, par exemple, l’ère des grands peintres se clôt à la veille de ce XVIIIe siècle et se rouvre à son lendemain. Et des Primitifs à Léonard de Vinci, du Vinci à Véronèse, de Véronèse à Murillo, l’Art et la Foi vont ou s’en vont du même pas.