mais combien rares et reçues des salles de Premières avec quelle défiance ! Les Erynnies[1] n’auront fait que passer sur l’affiche de l’Odéon ; Le Baiser[2], est-ce bien le noble rire qu’il mériterait, celui qu’il excite ? n’a-t-il pas surtout le succès du calembour de ses rimes, bien loin en deçà de sa vraie signification ? Il a fallu le hasard d’un concours pour que le Nouveau Monde[3] fût joué, — échouât ; — Les Corbeaux[4], horrible souvenir pour les mémoires bourgeoises, honnêtes ! — Formosa[5] n’obtint que de l’estime ; — Le Passant[6] dut beaucoup à l’ombre de Musset… Non, les vraies gloires dramatiques de ce temps, — demandez à M. Sarcey, — c’est Le Monde où l’on s’ennuie et Trois Femmes pour un Mari. — J’exagère ?
Il est constant que l’actuel état du goût, en ce temps et en ce pays, la dépendance du Poëte envers l’éditeur qui sait « ce qui est demandé » dans les cabinets de lecture, envers le directeur qui sait les préférences des loges et du poulailler, envers le comédien qui « commande » son rôle, sont anormaux et imbéciles, meurtriers du développement libre du talent, exclusifs de toute sincérité.